J’avais été impressionné par l’outil, lors des ScrumDays 2014. En quelques minutes, l’orateur a réussi à accompagner un entrepreneur inconnu dans la définition de son produit, certes superficiellement, mais sous tous ses aspects: vision, coûts, risques, cibles, …

Lorsque je dis superficiellement, cela n’a rien de péjoratif, au contraire. Combien d’entrepreneurs, de PO, de développeurs, ou autres, à force de passer la journée entière dans l’opérationnel, le nez dans le guidon, oublient la “Big Picture”, n’arrivent plus à la voir?

Je ne sais pas pour vous, mais cela m’est arrivé souvent, trop souvent, en tant que développeur, chef de projet, directeur de projets… Oui, c’est “une faute” de l’oublier. Mais c’est humain et nous avons tous des problématiques plus prioritaires que de passer du temps à repenser à une vision globale…

– Il manque des outils
– Il manque des ressources
– Il manque des contrats
– Il manque des fonds
– …

Honnêtement, prendre du recul sur ce que l’on produit est une priorité que, malheureusement, nous négligeons naturellement. Et c’est bien là que le Lean Canvas est un outil indispensable. Rapide, fluide, lisible, il sait nous rappeler la raison pour laquelle nous nous acharnons sur le reste.

Exemple de Lean Canvas réalisé pour une boutique en ligne d'objets décoratifs
Exemple de Lean Canvas réalisé pour une boutique en ligne d’objets décoratifs

 

A/ Comment remplir un Lean Canvas?

Pour accompagner un entrepreneur dans la définition de son produit, il est conseillé de poser les questions dans un certain ordre. Bien que cela ne corresponde pas à la représentation du canvas, cet ordre permet à la personne interviewée de réagir au fur et à mesure, spontanément, afin d’avoir des réponses qui suivent au mieux sa propre vision de son produit. La spontanéité est un facteur clef dans la définition d’une vision.

En revenant sur la conférence donnée lors des ScrumDays, voici l’ordre qui s’en dégage:

  1. Quels problématiques, problèmes, besoins cherche-t’on à adresser?
    Il est bien d’ouvrir la question, tous les produits ne sont pas des réponses à des “problèmes”.
  2. Qui rencontrent ces problèmes / besoins?
    Pour creuser un peu, vérifier que la bonne connaissance de la cible, on peut poser la question d’éventuelles rencontres avec des personnes concernées, savoir si ce sont celles-ci qui ont remonté les problèmes / besoins, où s’il s’agit d’une proposition spontanée, d’une intuition. Dans cette question, on peut toujours aider la personne questionnée en lui demandant de préciser, par exemple, le contexte démographique (tranche d’âge, genre, …), le cadre socio-professionnel, …
  3. Quelle est la proposition de valeur du produit?
    Il nous faut un slogan. Rapide, court, il est l’expression même de la “vision” que l’entrepreneur a de son produit. En quelques mots, il faut pouvoir résumer la valeur clef de ce qu’on apporte.
  4. Quelle est la solution que l’on souhaite mettre en place?
    Cette question peut être reprise à l’aide des précédentes réponses: “Comment répond-on à la problématique, pour les personnes ciblées, à partir de la vision que l’on cherche?”
  5. Quel en sera l’acheminement?
    Toujours en se basant sur les réponses précédentes, comment peut-on diffuser non seulement la vision que l’entrepreneur porte, mais également le produit.
  6. Quels sont les sources de revenus?
    En fonction des différents moyens d’acheminement, on peut définir sûrement plusieurs sources de revenus. Ici, si on souhaite poser également des données chiffrées, on s’intéressera uniquement aux actuels revenus.
  7. Quel est le coût?
    Le coût ne se limite pas aux matières premières. Il faut essayer de définir l’ensemble des sources de coûts, comme le coût de développement, d’infrastructure, de matériel divers, potentiellement les déplacements et hébergements nécessaires.
  8. A quel moment commence-t’on à être satisfait?
    C’est ici que nous trouveront les KPI. Il est important de ne s’intéresser qu’à des indicateurs mesurables, factuels.
  9. Quels sont nos avantages?
    Les avantages par rapport à tout autre produit, l’avantage particulier, qu’on ne peut pas copier, reproduire. Qu’est-ce qui permettra à l’équipe ou aux équipes travaillant sur le produit de se dire: “ça, c’est nous, c’est bien nous”?
Exemple de Lean Canvas pour une équipe interne DevOps
Exemple de Lean Canvas pour une équipe interne DevOps

 

B/ Que faire du Lean Canvas?

Une fois les différentes cases remplies, les réponses prennent forme d’une manière cohérente, spatialement. Selon que l’on regarde à gauche (produit) ou à droite (marché), la vision produit apparaît d’une manière globale, même si elle n’est pas précise et exhaustive, permettant ainsi de prendre rapidement du recul sur ce que l’on met en oeuvre.

Rien n’empêche ensuite, de revoir le canvas, au contraire. Il doit pouvoir évoluer et vivre au rythme des itérations. Puisque l’agile existe entre autres pour pouvoir mieux s’adapter à l’évolution des besoins, il est naturel que l’outil qui permet de rendre visible la “Big Picture” du produit évolue de la même manière.

 

Crédit image: Lean Self is More Than Waste Reduction